Le e-capital, c'est quoi ?

Les mots que l'on utilise conditionnent nos perspectives. Pour changer de perspective, nous avons donc besoin d'utiliser un vocabulaire différent. C'est donc ce que l'on va faire.

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Comment parler de ce volume de fichiers stocké par l'entreprise ?

On parle d'information, ou de données, mais c'est trop vague. D'ailleurs, quand on parle de données aujourd'hui, on parle généralement des données structurées (qui ne sont pas l'objet de ce site). On pourrait parler de la "masse documentaire", mais il y a une connotation négative. D'ailleurs, bien que l'on utilise de manière interchangeable les termes "fichiers" et "documents", il y a tout de même une différence dans l'interprétation. Si je vous parle de documents, vous penser aux fichiers textes (type Word), éventuellement aux autres fichiers de bureautique (comme Excel ou Powerpoint). Mais qu'en est-il des photos, vidéos, etc. ? Saviez-vous qu'un e-mail stocké sur le cloud est un fichier ? Il semble finalement que pour être précis, nous devons utiliser cette longue expression : le volume de fichiers stockés par l'entreprise.

Seulement, cette expression a le désavantage d'être complètement insipide. Elle n'évoque rien d'important et ne provoque aucun enthousiasme. C'est un peu comme parler du volume de pâtes dans une boite rangée dans un placard. Mais, à la différence des pâtes achetées en supermarché, les fichiers stockés par une entreprise sont le fruit d'un travail (plus ou moins intense) et offrent des possibilités (plus ou moins intéressantes). Derrière un fichier, il peut y avoir des dizaines d'heures de travail. Derrière un fichier, il peut y avoir la solution à un problème récurrent dans une activité. Chaque fichier stocké peut (et devrait) avoir de la valeur pour l'entreprise. Naturellement, l'ensemble devrait donc être considéré non pas comme la somme de choses sans intérêt, mais comme la somme de choses de valeur. Une sorte de capital.

Qu'est-ce qu'un capital ?

Généralement, le capital évoque l'argent. Finalement, en réfléchissant d'un point de vue purement financier, si un employé a fait un travail qui se traduit par un fichier, le fichier représente un certain montant égal au temps passé à sa création. Même les fichiers simplement téléchargés sont tout de même associés à du temps (de recherche ou de lecture par exemple). De ce point de vue là, le volume de fichiers stockés pourrait alors effectivement s'assimiler à un capital.

Mais l'une des définitions du Larousse* me paraît encore plus intéressante : "Patrimoine possédé par un individu, une famille ou une entreprise et pouvant rapporter un revenu.". Tout d'abord, la notion de patrimoine renvoie à cette réalité que les fichiers sont la propriété de l'entreprise : elle en conserve les droits même après le départ des employés qui en sont à leur origine, et en est également responsable. Mais surtout, il peut rapporter un revenu. Et c'est exactement la même chose pour les fichiers : ils peuvent aider, améliorer, voire créer de nouvelles opportunités. Pas tous, et pas de la même manière, mais c'est une possibilité. C'est d'ailleurs cette perspective-là qui a donné l'essor au Knowledge Management, poussant de nombreuses entreprises à chercher des moyens de valoriser les ressources en interne.

Penser son volume de fichiers stockés comme un capital, un e-capital pour être plus précis (le préfixe "e-" renvoyant simplement au caractère numérique de l'objet), c'est avoir la conviction que ses fichiers ont potentiellement une valeur importante qui peut être exploitée pour faire avancer son entreprise dans la bonne direction. Et si l'on croit en ça, alors on va approcher différemment la gestion de ses fichiers. On va vouloir identifier cette valeur pour pouvoir l'exploiter, ce qui va nécessiter de s'intéresser à chaque fichier pour évaluer son potentiel. On va également chercher à les mettre en valeur, ce qui va nécessiter de débarrasser l'espace de stockage de tous les fichiers qui n'ont pas de valeur et qui dévalorisent les autres. Finalement, on va traiter son capital avec attention et lui donner les meilleures chances... de prospérer.

*Définitions : capital, capitaux - Dictionnaire de français Larousse

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